Communiqué

Entre acheter des armes et désarmer les inégalités, il faut choisir. Le MOC s’oppose à la volonté du gouvernement d’encore augmenter le budget militaire

Le MOC et ses organisations constitutives observent avec beaucoup d’attention – et stupéfaction – les discussions qui ont lieu actuellement au sein du gouvernement fédéral visant à augmenter une nouvelle fois le budget de l’armée belge. Vu particulièrement le contexte de crises multiples que nous vivons, cette perspective nous indigne.

Le prochain Sommet de l’OTAN a lieu à Madrid le 29 juin prochain. Dans ce cadre, et pour des raisons que nous avons bien des difficultés à comprendre, le Premier ministre veut se rendre en Espagne avec un engagement de la Belgique à augmenter le budget de son armée à 2% du PIB à l’horizon 2035. Un objectif qui représenterait une dépense de 5 milliards d’euros annuels supplémentaires pour l’armée.

Quand cela va-t-il s’arrêter ? Dès 2016 déjà, le gouvernement de Charles Michel s’accordait sur une « loi de programmation militaire » qui engageait la Belgique dans l’achat de matériels militaires pour une valeur de 9,2 milliards d’euros, dont les 34 avions de combat F35 contre lesquels notre mouvement s’était déjà mobilisé. Pas en reste, et malgré la présence de partis progressistes en son sein, le gouvernement actuel a conclu le 28 janvier dernier, un nouvel accord de réinvestissement structurel (le « Plan STAR ») qui fait passer de fait le budget annuel de la Défense de 4,7 milliards actuellement à 6,9 milliards d’euros à partir de 2030. Le 25 février, le Conseil des ministres annonçait une nouvelle salve d’achats de matériels militaires à l’horizon 2030 : un plan à 10,3 milliards d’euros, qui viennent donc s’ajouter aux 9,2 milliards engagés par le gouvernement Michel. Encore un mois plus tard, à la fin du mois de mars, le Gouvernement s’accordait sur une autre injection d’un milliard dans le budget de la Défense, à dépenser sur ces trois prochaines années.

Ces chiffres, et leur succession effrénée, donnent le vertige. Ils sont justifiés officiellement par la menace russe qui se serait matérialisée depuis son agression de l’Ukraine et contre laquelle il faudrait se prémunir par cette seule débauche de moyens. Évidemment, ce lien n’est que discursif. La Belgique est membre de l’OTAN et de l’Union européenne. Les dépenses militaires de la première sont aujourd’hui 16 fois plus élevées que celles de la Russie. De leur côté, les États membres de l’Union européenne ont consacré 232 milliards à leur défense en 2020, contre 66 milliards pour la Russie. Ces dépenses militaires de la Belgique ne peuvent être justifiées par l’agression de l’Ukraine. Et notre opposition à cette augmentation du budget de l’armée ne questionne donc certainement pas notre solidarité avec le peuple ukrainien, notre condamnation de l’agression russe, ainsi que nos appels au dialogue, au désarmement nucléaire, à la construction d’une nouvelle architecture de sécurité portés notamment avec la CNAPD.

Le MOC et ses organisations constitutives appellent les membres du gouvernement à stopper cette escalade dans les dépenses militaires, à abandonner le projet d’augmenter le budget de la défense à 2% du PIB et à questionner les priorités politiques qu’il défenden ces temps d’enchevêtrement des crises (socio-économique, sanitaire, climatique, migratoire, énergétique, démocratique...)

Quel message le gouvernement envoie-t-il quand il s’accorde en deux mois de temps sur 11 milliards de dépenses militaires, mais qu’il ne parvient pas à proposer de solutions pérennes pour alléger les factures énergétiques de la population, soutenir l’augmentation des salaires, renforcer notre système de soins et les objectifs de santé publique, opter pour la régularisation des personnes sans-papiers ou encore pour se prémunir et agir contre le dérèglement climatique ?

Pour le MOC, entre acheter des armes et désarmer les inégalités, il faut choisir.

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