Communiqué

FERMETURE DU REFUGE : DES CONDITIONS IRRESPECTUEUSES ET INDIGNES POUR LES RESIDENTS ET LE PERSONNEL.

COMMUNIQUÉ DU RÉSEAU MOUSCRON TERRE D’ACCUEIL SUR LES CONDITIONS DE FERMETURE DU REFUGE AU MOIS DE NOVEMBRE

Au mois de novembre, le « Refuge » s’est vidé de ses résidents à toute allure. Le rythme des départs était effrayant. Les demandeurs d’asile recevaient une décision de transfert de Fedasil et avaient 3 jours pour rejoindre leur nouveau lieu d’accueil, parfois à l’autre bout de la Belgique. Fini les copains d’école, les amitiés autour des tables de conversation...Une intégration commencée et qui s’interrompt brutalement. Le centre de Mouscron a fermé ses portes le 17 novembre car il n’est plus utile. Grâce au super accord que l’Union Européenne a passé avec la Turquie en mars dernier, les « migrants » sont bloqués en Turquie, en Grèce, en Italie ou sont au fond de la mer entre la Libye et l’Europe. Le réseau d’accueil n’est donc plus utilisé qu’à 80 % et peut fermer plusieurs centres. Et Théo Francken fanfaronne...
Le Refuge à Mouscron accueillait de nombreuses familles car les anciennes infrastructures hospitalières s’y prêtaient particulièrement bien. Une coordination avaient été mise en place entre la Ville de Mouscron, Bridgestock Care et le Réseau associatif et citoyen pour garantir un accueil qui soit le meilleur possible. Après 1 an de fonctionnement, nous pouvions dire que grâce à ces différentes contributions, l’accueil mis en place était d’une grande qualité et que l’intégration au sein du quartier et de la Ville se déroulait de manière apaisée.
Nous trouvons le dénouement de l’histoire humainement dramatique : déraciner de leur réseau d’accueil des personnes, des familles, des enfants ayant connu un exil douloureux ; couper de manière brutale et immédiate les liens et réseaux de solidarité qui ont été construits ; arracher les enfants à leurs écoles pour leur faire reprendre leur scolarité dans un nouvel établissement, parfois en Flandre dans une autre langue ; sans parler des pertes d’emplois au Refuge et dans les écoles. C’est moche. Très moche. C’est même dégueulasse.
Une transition qui n’a pas été réfléchie, préparée alors que la liste des centres qui devaient fermer était connue depuis début juin.

Fin août, il y avait encore 512 résidents au Refuge et aucune information sur les conditions de fermeture du centre. Mi-octobre, il y avait encore 434 résidents au Refuge avec l’arrivée de cas médicaux mais toujours aucune information de Fedasil sur les modalités et conditions de transfert vers d’autres centres. Dans le même temps, le Cabinet Francken faisait miroiter à Bridgestock la possibilité de maintenir le centre mais à finalité médicale.
Pourtant, la semaine du 26 octobre, Fedasil a envoyé 380 « modifications de lieu obligatoire d’inscription », c’est-à-dire d’ordre de transferts vers des Initiatives Locales d’Accueil (CPAS), indiquant que les résidents avaient un délai de 3 jours pour s’y rendre sous peine de perdre leur droit à l’accueil.
380 transferts à assurer en 3 jours. Vous imaginez la panique au centre ! Les travailleurs sociaux ont été contraints de prévenir les résidents dans l’urgence. Les départs ont été organisés dans la précipitation la plus totale, trop court pour pouvoir contacter les avocats et introduire des recours internes. Certains résidents ont été prévenus la veille qu’ils partaient le lendemain matin, des enfants ont été retirés de leurs classes en plein cours… Vu les conditions de départ, certains n’ont pas pu emmener toutes leurs affaires. Les résidents recevaient leur ticket de train et leur itinéraire… au revoir et bon vent ! La centaine de résidents toujours au centre après le congé de Toussaint a été « évacuée » vers des centres communautaires dans les mêmes conditions ignobles.
Et du côté de Fedasil, on ose affirmer que ces transferts ont été réalisés en tenant compte des besoins individuels et des préférences des candidats. Ah bon ?!!!! Est-ce qu’interrompre brutalement la scolarité d’un enfant, le traitement médical d’une personne gravement malade, contraindre une personne d’abandonner son emploi, c’est tenir compte des besoins individuels et préférences des personnes ??? Fedasil a organisé une urgence qui n’en était pas une. Les transferts ont été effectués de manière tout à fait arbitraire, le plus souvent à l’autre bout du pays, alors qu’il y avait de nombreuses places disponibles dans les Initiatives Locales d’Accueil de la région, y compris à Mouscron. Une fois de plus, nous dénonçons une politique d’accueil indigne et inhumaine qui détruit les liens de solidarité et anéantit toutes démarches d’intégration.

Pour le Réseau Mouscron Terre d’accueil, c’est une raison de plus pour entrer davantage encore en résistance ... Nous ne baissons pas les bras. Il reste une trentaine de familles accueillies à l’ILA de Mouscron. Certaines personnes y ayant atterries par le même trajet que celui qui a expédié les résidents du Refuge aux 4 coins de la Belgique… Car au moment où le centre de Mouscron fermait, celui de Thy-le-Château aussi… Le Réseau s’est donc mis en quête de locaux pour poursuivre ses activités : tables de conversation, ateliers couture, permanences d’accueil, accompagnement administratif, aide à la recherche de logement et à l’installation, entretien des liens et de l’aide aux anciens résidents du Refuge, hébergement d’urgence … Ce ne sont pas les projets qui manquent.

Nous voulons continuer à favoriser le vivre ensemble, l’accueil, et l’intégration de la personne étrangère dans la région de Mouscron, quel que soit son statut.

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