Lettre ouverte aux Conseiller.ère.s communaux de la Ville de Tournai

Hier, Tournai a perdu sa dignité

Le vendredi 09 octobre 2020,

Chères Conseillères communales, chers conseillers communaux,

Hier a révélé le plus mauvais visage de notre Ville de Tournai.
Hier, la police fédérale est venue démanteler un camp abritant une quarantaine de jeunes filles et de jeunes hommes de 15 à 25 ans venus d’Ethiopie et d’Erythrée. Plus de tentes, plus de sacs de couchage, plus de bâches pour s’abriter un peu de la pluie, du vent et du froid. Ils ont été privé du peu qu’ils avaient pour survivre.
Hier, il est apparu que notre Ville de Tournai a perdu sa dignité. Hier, il est apparu que la Ville de Tournai avait renié sa parole. Alors qu’elle s’était engagée, il y a à peine quelques mois, à être une commune hospitalière.

Pour rappel, une commune hospitalière est une commune qui s’engage à améliorer l’accueil des personnes migrantes, quel que soit leur statut. Une commune hospitalière s’engage, à son échelle, pour une politique migratoire basée sur l’hospitalité, le respect des droits humains et les valeurs de solidarité.

Hier, il est apparu que notre Ville de Tournai se montre inhumaine.

Hier, il est apparu que notre Ville de Tournai a trompé et a renié ses associations et ses nombreux.ses bénévoles et militant.e.s qui depuis maintenant deux ans, sans beaucoup de moyens, font tout leur possible pour apporter un peu de soutien, de nourriture, de soins à ces jeunes femmes et ces jeunes hommes perdus au milieu de l’Europe. Hier, il est apparu que notre Ville de Tournai nourrit les peurs et les fantasmes qui conduisent à la xénophobie et à la division. Dommage.

En effet, depuis de nombreux mois, notre Ville de Tournai joue lamentablement la sourde oreille. Depuis de nombreux mois, la Plateforme pour l’Interculturalité demande un local pour un accueil de jour destiné aux personnes exilées qui transitent par notre territoire. Un lieu de répit !
Hier, il est apparu que notre Ville de Tournai ne respecte pas les textes internationaux.

Il y a quelques jours la Région Wallonne a adressé une circulaire à l’attention des Bourgmestres, Collèges communaux et Présidents de CPAS sur la situation des migrants en transit. Cette circulaire rappelait que « Les instruments des Nations unies, la convention européenne des droits de l’Homme et la Charte européenne des droits de l’Homme garantissent à chaque être humain, nonobstant son statut de séjour, le droit à être traité dignement… » et que « En 2017, le Comité européen des droits sociaux définit comme traitement digne, le droit d’accès pour tous à un abri, aux aliments de base et le droit d’accès aux services de santé et aux médicaments essentiels, indépendamment du statut de résidence. ».

La circulaire de la Région Wallonne rappelait encore que : « La Convention d’Istanbul et celle relative aux droits de l’enfant renforcent les obligations, à charge des Etats partie, de protection envers les femmes et les enfants. » et que : « La Belgique reprend ces droits fondamentaux dans l’article 23 de la Constitution belge et 422 bis du Code pénal. En étant un Etat fédéral, chaque niveau de pouvoir, à son niveau de compétence, répond à ces obligations de protection ».
Hier, ces événements ont suscité beaucoup d’incompréhension, de dégoût et de colère de la part de très nombreux.ses citoyen.ne.s.

Hier, notre Ville de Tournai a montré une bien triste image. Hier, notre Ville de Tournai a préféré laisser faire le rejet et la violence plutôt que l’ouverture et la solidarité.

Aujourd’hui, la Ville de Tournai, et vous les Conseillères communales et les Conseillers communaux qui êtes les dirigeants et responsables politiques de notre Ville durant cette législature, devez réagir.
Vous, les conseillères communales et les conseillers communaux de la majorité et de l’opposition, rendez-nous à nouveau fiers d’être des tournaisiens et des tournaisiennes.

Plus de parole, plus de communication (politique), plus de tweet, plus de message d’indignation sur Facebook. Nous voulons des actes de solidarités ! Nous voulons un local pour un accueil de jour et un répit pour les personnes migrantes qui transitent par notre territoire, quel que soit leur statut.

Pour le Mouvement Ouvrier Chrétien de Wallonie picarde

Benoît Brabant, Président
Jacky Quintart, Secrétaire fédéral

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