Enquête sur notre expulsion, en quête de solutions
Mal Loti.e.s !
Mal loti·e·s, les locataires de la rue des Campeaux à Tournai l’ont été, au sens propre comme au figuré. Cela aurait pu rester un drame humain comme on en connait beaucoup d’autres en Wallonie et ailleurs, un bâtiment insalubre, un propriétaire qui ne se soucie guère de ses locataires et des pouvoirs publics qui laissent faire.
Jusqu’à ce qu’une nuit, un incendie mette 33 ménages à la rue. Une nuit qui entraine la mort d’une personne et chamboule également de nombreuses vies.
Cela aurait pu rester un fait divers, une énième démonstration d’une politique de logement aux abois et dont les plus faibles paient le prix, deux voire trois fois.
Mais il en a été autrement. Pas une histoire de super héro·ine·s et de méchant·e·s, mais une succession d’actions et de mobilisations qui ont fini par payer et redonner un peu de dignité. Ce genre d’histoire qu’on ne raconte pas dans les journaux, mais qui fait la différence parmi l’indifférence.
C’est ce qu’ont voulu raconter les personnes qui ont vécu de près ces évènements. Pour témoigner des nombreuses difficultés, mais aussi de tout ce qui a germé et de ce qui pourrait changer.
Le présent récit retrace l’histoire de l’expulsion des locataires de leur domicile situé rue des Campeaux et Quai Saint-Brice à Tournai au mois de juin 2020 suite à un incendie et à un arrêté communal de fermeture. Le livret raconte aussi la quête vers des solutions, pour que cela n’arrive plus.
Une trentaine de ménages ont été touchés avec des profils différents, mais tous marqués par la fragilité : familles, personnes isolées, étudiant·e·s, primo-arrivant·e·s, travailleurs et travailleuses… Accompagné·e·s par Le CIEP Wapi au sein du Collectif DAL Tournai, ils et elles tiennent à laisser une trace des nom¬breuses difficultés liées à l’incendie traumatisant qu’ils et elles ont vécu, à l’expulsion forcée de leur logement, au manque de soutien et d’accompa¬gnement ressenti ainsi qu’à la recherche d’un nouveau logement.
Ce récit a pour objectif de visibiliser les problèmes qu’ils et elles ont rencon¬trés afin de susciter une prise de conscience chez les responsables poli¬tiques. Les revendications et les conseils formulés par les locataires et le DAL Tournai visent, dans le meilleur des cas, à éviter que pareille situation ne se reproduise ou, à défaut, à améliorer sa prise en charge.
Il est à noter que ce texte a été écrit avec une partie des anciens locataires de la rue des Campeaux seulement. Certaines personnes n’ont pas pu être contactées, faute de lien. D’autres ont quitté la démarche en cours de route, au gré des aléas de la vie.
Ce travail d’écriture collective a été animé plus spécifiquement par le Collectif DAL et deux de ses associations membres, le CIEP MOC Wapi et la maison d’accueil l’Étape, avec l’aide de Periferia et du Rassemblement Wallon pour le Droit à l’Habitat (RWDH). Les témoignages repris dans le livret sont majoritairement le fait des locataires, complété par certaines analyses des accompagnant·e·s. Les locataires ont fait le choix de rester anonyme.