Voeux du MOC

Le discours de la Présidente :

Bonjour à tous et bienvenue.

Bienvenue au Moc.

N’en déplaise à certains, le Moc n’est pas mort, vive le Moc !

Cette année, pas de pression pour les vœux...

Année 2015 de merde.

D’habitude, je fais des efforts pour trouver des choses à peu près sensées à dire, je me tape 36 bouquins du dernier économiste de gauche dont personne n’entend parler, qui a réussi à passer les mailles de la billetcratie pour se faire publier... Je m’efforce de pondre un truc qui ait l’air un peu intelligent... mais pas plombant.

Et puis l’année dernière, j’ai compris. En fait, la seule chose que tout le monde a retenue, c’est la petite phrase un peu cul à la fin. Donc, pas de pression, je dis les trucs habituels, une phrase cul à la fin ( j’ai dit à la fin sinon plus personne n’écoutera ) et c’est bon.

Année 2015 de merde.

Donc, je ne suis pas obligée de vous citer les innombrables mesures gouvernementales et leur lot d’inepties, qui ne font que renforcer les inégalités, qui enfoncent la classe moyenne vers un état de pauvreté non-reconnue pour renforcer les classes dirigeantes qui détiennent le capital.

L’injustice fiscale totale qui laisse consciemment sur le champ de bataille les perdus d’avance mais aussi les p’tits nouveaux, les volontairement appauvris, qui avaient jusque-là été protégés par un système de sécurité sociale structuré et fort.

Et bien pire encore, qui renforce la culpabilité et la concurrence, la suspicion entre les travailleurs sans emploi parce que c’est de leur faute s’il n’y a pas d’emploi, les invalides et les malades de longue durée parce que c’est de leur faute s’ils le sont et d’ailleurs il est temps qu’ils retournent travailler, les malades tout courts parce que c’est de leur faute s’ils sont malades et qu’ils coûtent trop cher beaucoup moins que les honoraires des médecins des chambres à 1 lit, les pensionnés parce que c’est de leur faute s’ils ont l’âge et qu’il y a trop de vieux, les parents célibataires parce qu’ils n’ont qu’à être moins célibataires, les jeunes peu formés parce que c’est de leur faute si la structure scolaire a renforcé les inégalités, les grévistes parce que c’est de leur faute s’ils ne se laissent pas faire, les migrants parce que c’est de leur faute s’ils veulent sauver la peau de leur enfant et la leur, ...

Suspicion individuelle sur l’un ou l’autre, mais aussi suspicion collective, d’un groupe sur un autre. Pire, suspicion organisée, campagne de sape à l’encontre de tout ce qui dérange : les mutuelles, les syndicats et mouvements d’éducation compris.
Et ça marche !

Année 2015 de merde. Que des paradoxes !

Une vie ne vaut vraiment toujours pas une autre vie.

On investit 400 millions dans la sécurité nationale. Rien dans l’éducation. Les banques, qui continuent de spéculer, doivent encore 7 milliards à l’état...

L’accueil de migrants, porté bénévolement à bout de bras par toute une ville belge, rapporte de l’argent à des actionnaires en Irlande.

Un gouvernement à la tête de l’état dont on sait qu’il veut sa perte...

Les pays émergents basculent dans les maladies de bouffe dès qu’ils commencent à s’enrichir : on passe de la sous-nutrition au diabète de type 2 en 1 clin d’œil d’industrie agro-alimentaire.

Les fissures dans les centrales et les petits accidents nucléaires sont « très ciblés » et ne sont « heureusement jamais » dangereux pour l’environnement et la santé. « Aie confiance »...

Au plus l’écran de télé est grand, au plus notre vision des choses rétrécit.

Le paradoxe de la joie de découvrir des initiatives solidaires de toutes parts et dans tous les domaines face au désarroi de constater que c’est le pouvoir public qui devrait l’organiser.

La force des réseaux sociaux capables de faire basculer complètement des décisions graves face au désastre qu’ils provoquent en véhiculant de l’information réductrice voire fausse mais pourtant prise pour vérité universelle

L’indifférence générale dans laquelle le rapporteur de l’ONU sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés, a présenté sa démission ou que les 47 saoudiens (et tous les autres ) ont été lapidés ou que ... - Ruqia Hassan, jeune journaliste indépendante syrienne, a été tuée pendant qu’on était encore tous des Charlie, des Paris ou qu’on likait RIP David Bowie !

Année 2015 de merde.

Année à laquelle je n’ai pas tout compris, j’avoue.

Le tax-shift. Je n’ai pas tout compris. Faire glisser la fiscalité sur les revenus du travail vers d’autres revenus comme les plus-values immobilières ou transactions financières, on a milité pour. On s’était entraînés à le dire. Tax-shift, beaucoup plus facile à expliquer avec 2, 3 verres dans le nez. Mais beaucoup moins facile à prononcer. Mot bateau, qui peut vouloir dire tout et son contraire... et surtout, son contraire ! Il s’est carrément transformé en gros mot ! Exactement le contraire de ce qu’on voulait. Jouer sur des mesures phares comme réduire la fiscalité sur les charges patronales, pourquoi pas. Mais récupérer de façon totalement injuste par la Tva... Non. Donc, on est contre. Ça ferait plutôt : tax switch. En fait, j’ai surtout compris pour quoi ce gouvernement nous avait pris et que c’était nous qu’il voulait shifter.

La guerre en Syrie ? Je n’y comprends rien. Les sunnites sont contre les chiites mais ils ne le sont pas tous et l’armée régulière syrienne qui reçoit le soutien russe est contre l’armée syrienne libre qui reçoit le soutien de la France et des Etats-Unis (tiens, tiens, ... ) qui sont tous contre l’état islamique qui est contre tout ce qui est contre... mais c’est pas grave : les français vont tout régler. Ils bombardent, avec l’accord de Poutine (qui était contre ). Si qqun peut m’expliquer sur qui ils vont tirer... Remarquez, vu ce qu’il reste à détruire...

Je ne comprends pas l’étonnement général face aux propos du leader du gouvernement sur la 7ème réforme de l’état. Son projet était on ne peut plus clairement annoncé !

L’Europe peine à accueillir les populations qui croulent sous les bombes qu’elle a elle-même vendues... Mais « même pas vendu beaucoup la Belgique ». Ouf !

La France se félicite (ça, c’est assez fréquent), le FN ne contrôlera aucune région de France alors que le score du Front National a triplé et que le racisme s’est complètement débridé partout en Europe.

Un des rares points sur lesquels wallons et flamands sont d’accord : Maggy De Block est la personnalité préférée des belges pour les 3 régions en 2015. Ca, même avec beaucoup de verres dans le nez, je ne comprends vraiment pas.

Face à cette situation apocalyptique, plusieurs solutions s’offraient à moi :

La résignation mais j’ai entendu parler du syndrome de « résignation acquise » mis en évidence par des chercheurs dans les années 60. 2 groupes de chiens ont été soumis à des chocs électriques modérés. Dans un des groupes, les chiens pouvaient actionner un levier qui stoppait les chocs. Dans l’autre, aucun ne contrôle sur la situation. Ensuite, on les mettait tous dans un enclos et ils étaient à nouveau soumis à des chocs mais là, il suffisait de sauter au-dessus d’une barrière pour en échapper. On constate que les chiens qui, dans un 1er temps, n’avaient eu aucun pouvoir d’action n’essayaient même pas de fuir les chocs, ils subissaient sans réagir. Tandis que les autres, oui. C’est pareil chez les humains. Quand une personne se rend compte de son absence de contrôle sur la situation, elle a tendance à adopter une attitude passive, et passive dans tous les domaines, jusqu’à en oublier même les petits gestes de solidarité du quotidien envers un voisin, une personne en difficulté.

Exit donc la résignation.

J’ai pensé choisir le côté obscure de la force, because « the force is more powerfull in the darkside ». J’ai imaginé un commando de startroopers pour éliminer tous ceux qui m’avaient gâché cette année et risqueraient de nuire l’année prochaine... mais je me suis un peu égarée, il y en avait beaucoup trop. Des Jedi kamikazes pour dégager Bart De Wever, j’en rêve mais il arriverait encore à se faire passer, lui, pour le héros, pour alimenter les amalgames donc ce serait contre-productif. Il faudrait aussi éliminer Théo Franken, qu’est-ce qu’on en a bouffé du Franken cette année ! Il fout la trouille Théo Frankenstein ! Et puis Marion Le Pen aussi parce qu’elle m’énerve Marion, et puis les entreprises agro-alimentaires qui nous empoisonnent et puis Monsanto et puis le gouvernement européen aussi, incapable de gérer la crise de la migration autrement que par des solutions populistes comme le renforcement de la sécurité aux frontières. Ça coûte cher la sécurité, ... Ça coûte cher aux libertés aussi. Bon, j’ai abandonné le côté obscure.

Ou, me faire passer pour le côté obscure : « Je suis ton père Charles, dis à tes 2 acolytes féminines d’arrêter de prendre les citoyens pour des cons... ». Mais entre-temps, le vrai père Michel s’en est chargé !

Avec tout ça, j’ai failli devenir parano aussi : je me suis demandé si Jacqueline Gallant, qui est quand-même LA pro du timing, n’y était pas pour qqch dans les attentats de Paris... Si ce n’est pas le cas, le choix de la date lui convenait très bien en tous cas ! Juste le temps de se ragaillardir après les « non-mensonges » mais les « j’ai juste pas tout dit » pour revenir sereine réformer la sncb. Evidemment, pour le bien-être, et des travailleurs, et des usagers.

Autre solution : je me fous de tout, comme Coluche : « La misère, la misère ! Il paraît que c’est un truc terrible ! La misère augmente dans le monde. C’est normal, tout augmente ! Oui mais là, elle se rapproche. Afghanistan, Turkistan, Turkisdétan... Est-ce que j’sais où c’est moi ?

Ah non, non... Voilà qu’ils viennent mourir dans le poste maintenant ! Sur nos plages en plus ! »

Ou alors, autre piste : je prends Dieu ! A non, ça, c’est déjà pris, toute sortes de Dieu même, et ce n’est pas franchement concluant !

L’ultime possibilité serait de sombrer dans le désespoir mais ce n’est pas quand on est en dépression qu’on arrête de fumer donc...

J’ai fait l’état des lieux de tout ce dont j’étais fière cette année 2015 ! Simplement fière !

Je suis fière !

Je suis fière de pouvoir répondre aux gens qui trouvent « qu’on aide beaucoup trop les demandeurs d’asile alors qu’il y a déjà tant de malheureux chez nous » que « oui, on aide aussi les malheureux chez nous », en militant au quotidien pour le maintien d’allocations dignes pour les travailleurs sans emploi, pour une reconnaissance des difficultés spécifiques de femmes fragilisées, pour un accès aux soins de santé de qualité pour tous, indépendamment des accidents de la vie, pour le droit au logement décent pour tous, pour un accès égal à l’électricité et un tarif juste, ... Fière de montrer qu’il n’y a pas de choix à opérer entre l’un et l’autre mais à quel point, au contraire, soutenir les uns renforce, encourage et alimente véritablement le soutien aux autres.

Je suis fière d’avoir sorti le TTIP du secret dans lequel il se dessinait, TTIP qui représente tout ce que « les marchés » ont de plus cynique en termes de respect des travailleurs, des normes environnementales et sanitaires, fière qu’il soit mis à l’ordre du jour des réflexions des communes de Wallonie Picarde, fière qu’il fasse l’objet d’un accord inter-mutualiste pour le contrer. Fière qu’il initie la réflexion corollaire sur la privatisation des biens communs de l’humanité comme les graines, et bientôt, l’air et l’eau.

Je suis fière de l’ABP qui, inlassablement, sensibilise et dénonce l’occupation israélienne totalement illégale et dégueulassement tolérée.

Je suis fière d’avoir été plusieurs fois 100 000 manifestants en 2015 et de faire le pied de nez (voire un doigt d’honneur, ça défoule) au gouvernement et patronat qui veulent à tout prix nous diviser.

Je suis fière de notre acharnement depuis plus de 5 ans pour un accueil digne des demandeurs d’asile en Wallonie Picarde. Je suis fière que le Moc soit à l’origine des plateformes d’accueil de Mouscron et Tournai, fière du réseau à la fois associatif- politique et citoyen, réseau vaste et pluraliste qui insuffle une dynamique positive au sein de la population. Fière de donner le ton aux politiques locaux qui auraient pu- et ils ont bien failli- tomber dans la dérive de la demande sécuritaire. Fière d’inverser la tendance initiale de protectionnisme. Fière d’alimenter la réflexion de fond au sujet de l’accueil qui guide notre action au-delà de l’élan du cœur et des émotions. Réflexion sur le court, moyen et long terme. Je suis fière d’insuffler une dynamique d’échange qui reconnaît l’identité culturelle au lieu de gommer les différences comme l’éducation (comme s’il leur en fallait une ) des uns par les autres, des uns sur les autres (et encore ce fameux Théo ).

Je suis fière de voir tant de jeunes de Jeunesse et Santé vouloir s’investir à fond et faire rire des enfants Syriens pendant que d’autres meurent encore sur les plages, fière de voir leur engagement se renforcer.

Je suis fière de défendre la démocratie participative, une démocratie réelle, ancrée, qui a du sens, au travers par exemple des commissions consultatives ou des groupes de veille dans différentes communes de Wapi. Outils qui font le lien entre politiques et citoyens, qui redonnent confiance aux uns comme aux autres sur leur pouvoir d’action et de changement. Sans cette confiance, guette la résignation et la porte s’ouvre aux individualismes et surtout aux extrémismes.

Je suis fière de l’organisation des élections sociales et mutualistes cette année. Elles représentent un enjeu démocratique de taille, engagement solidaire, un des nombreux moyens d’action mis en œuvre au sein même des organisations, qui permettent de sortir de la résignation et d’user de nos pouvoirs d’action directe.

Je suis fière de la collaboration avec les partenaires du sud, je suis fière de notre démarche de réflexion menée avec le CETRI, centre d’étude sur le développement et les rapports Nord-Sud.

Je suis fière des enseignants qui travaillent chaque jour à reconnaître le mal-être de jeunes qui ne se retrouvent dans aucune case de notre société, dans aucune des réponses inadaptées proposées par l’état

Je suis fière de la campagne « Culture, outil de résistance » menée conjointement CIEP/ PAC.

Je suis fière de lutter contre l’éducation compétitive qui conditionne à la compétition et la rivalité dès le plus jeune âge et de militer pour une éducation qui prépare l’enfant à la solidarité, la compassion, l’entraide, la coopération.

Je suis fière de lutter contre l’idéologie dominante de production-consommation : produire pour consommer pour produire pour consommer pour produire pour... Pour quoi déjà ? Et produire quoi ? Que reste-t-il à produire... sinon du lien humain ? Je suis fière de produire du lien humain.

Je suis fière de ma liberté d’expression.

Je suis fière de l’AID qui chaque jour, accompagne vers l’épanouissement professionnel et social.

Je suis fière du travail de formation et d’information la plus large et la plus ouverte possible réalisé par le CIEP qui chaque jour, éveille les consciences.

Je suis fière de tordre le cou à toutes ces idées véhiculées, à ce bourrage de crâne selon lequel le financement de la sécurité sociale n’est plus possible ou qu’une société doit d’abord être riche pour pouvoir financer la protection sociale ensuite. L’argent ne manque pas, ce qui manque, c’est la volonté de partager. Les 700 millions laissés par notre gouvernement aux multinationales en témoignent on ne peut plus clairement...

Je suis fière de l’ampleur de la campagne de protection sociale qui porte haut et fort notre projet de société- et témoigne de notre capacité à travailler en réseau pluraliste, je suis fière que les organisations et le Moc via Solidarité Mondiale en soient des acteurs majeurs.

Je suis fière de militer pour un investissement massif dans l’enseignement, la formation, l’éducation permanente et la culture, remparts incontestables contre les radicalisations de toutes sortes.

Je suis fière et franchement, ça fait du bien. Je ne suis pas fière, à titre individuel (je ferais de la politique sinon) mais je suis fière à titre collectif. Ensemble, nous avons et nous sommes des milliers de petites œuvres, moyennes ou grandes réalisations dont nous sommes fiers, individuellement ou collectivement. Gardons-les en lumière pour nous en imprégner tout au long de l’année. Nous en aurons besoin pour nous éclairer, nous renforcer, nous enthousiasmer durant cette prochaine année de résistance. Pour contrer les solutions simplistes et réductrices, basées sur des amalgames en tous sens qui pleuvent ces derniers temps. C’est possible, maintenant, et la marche est déjà bien entamée. Soyons fiers d’organiser collectivement, fièrs de résister ensemble pour porter haut et fort les idées et les solutions innovantes, alternatives mais fondées, pérennes, respectueuses de notre environnement et réalistes. Des solutions justes, solidaires, égalitaires et durables ! Oui, tout ça à la fois ! C’est possible ! C’est maintenant !

Je vous souhaite une année 2016 pleine de fierté, d’Amour, de justice et de joie.

Chose promise, chose due. Voici le petit dicton de l’année « 2016, année de la b... Soyons fiers, ensemble, faisons l’Amour, pas la guerre ».

A l’année prochaine,

Laëtitia Rogghe
Présidente du MOC-HO

Le discours du Secrétaire fédéral :

Bonjour à toutes et à tous,

Chères amies, chers amis,

L’année 2015 n’a pas été heureuse. Socialement, démocratiquement, l’année 2015 n’a pas été joyeuse.

Le gouvernement fédéral ultra-libéral poursuit sa politique d’austérité économique et sociale. Il détricote la sécurité sociale et détruit les services publics. Ce sont les allocataires sociaux qui trinquent et les travailleurs avec des contrats de plus en plus précaires. Les jeunes, les vieux, les femmes sont les principales victimes de ces politiques d’exclusion, de ce processus de précarisation.

Faut-il également le rappeler, l’année 2015 a commencé par le drame Charlie Hebdo et s’est terminée par le drame du Bataclan. Pas de quoi s’émerveiller devant la nature humaine. Le sang a coulé. En Europe, en Syrie, au Nigeria, en Afghanistan, en Palestine,…la liste est très longue…trop longue.

L’accueil des réfugiés fuyant les conflits et la crise non anticipée par l’Union européenne de l’asile ont aussi provoqué une vague nauséabonde de racisme et d’ignominie. Les réseaux sociaux ont vu une déferlante de propos haineux. Les braises sont chaudes. Le feu couve. Il est entretenu par l’extrême-droite qui gagne du terrain.

Le MOC réclame une société juste et égalitaire. Ne nous mentons pas : particulièrement en 2015, la société n’a pas été juste. La richesse produite dans le monde n’a jamais été aussi importante et pourtant les inégalités n’ont jamais été aussi grandes. Les riches deviennent de plus en plus riches. Les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Et l’écart s’agrandit de plus en plus rapidement. Oxfam publie régulièrement des chiffres toujours plus effarants et choquants : 1% des habitants de notre planète possède plus que les 99% restant. Les 62 personnes les plus riches au monde possèdent autant que les 50% les plus pauvres de la population mondiale (+/- 3 milliards 650 millions d’habitants…).

La richesse de ces 62 personnes les plus riches au monde a augmenté de 542 milliards de dollars depuis 2010.

Ces chiffres sont en fait donnés par le crédit suisse et viennent d’être confirmés par Joseph Stiglitz prix Nobel de l’économie…

Il y a quelques semaines un militant des équipes populaires me posait l’éternelle question : mais qu’est-ce qu’on peut faire ? Faut-il encore faire confiance aux partis politiques ?

D’une part : Oui. Bien évidemment oui. Il faut continuer à faire confiance. Il y a dans les partis politiques progressistes, au parti socialiste, au CDH, chez Ecolo et au PTB, des femmes et des hommes politiques qui croient aux valeurs de la solidarité et qui ont le sens des responsabilités et de l’intérêt collectif. Ne tombons pas dans un populisme malveillant en critiquant l’ensemble de la classe politique. Le capital-confiance que les citoyennes et les citoyens vous accordent encore Mesdames et Messieurs les politiciens, est très précieux. Ne le gâchez pas.

D’autre part, nous devons aussi, nous le MOC, en tant que mouvement social continuer la lutte. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Continuer à analyser, expliquer, revendiquer, convaincre. Nous devons continuer inexorablement, inlassablement à faire notre job, job, job d’éducation permanente et en particulier avec les populations les plus fragilisées. Nous remettre en question ? Peut-être, en tout cas évaluer régulièrement nos méthodes, nos modes d’actions.
Restons positifs et déterminés. Ne soyons pas anxiogènes. Soyons lucides mais gardons des raisons d’espérer. Soyons le MOC, un mouvement organisé et combatif. Soyons fiers de résister aux politiques néo-libérales.

Lors de ce premier semestre 2016, nous poursuivrons la Campagne qui a comme slogan « Semons des possibles ». Une campagne axée sur le thème de « La culture comme moteur d’émancipation et Outil de résistance ».

Une Culture émancipatrice qui amène à réfléchir et à faire réfléchir, à remettre en question les discours dogmatiques et les modèles de dominations (le racisme, le capitalisme, le patriarcat). Une culture qui détend, source de plaisir, d’émotion. Mais aussi une culture qui interpelle, qui dénonce, qui revendique, qui critique et qui ouvre des possibles…

Je vous propose de voir le CLIP de présentation de cette campagne.

https://www.youtube.com/watch?v=BqdCkIP82H8

Avec le PAC, partenaire de cette campagne, nous avons programmé 4 événements majeurs en Wallonie picarde

Une expo BD. Vous avez aujourd’hui l’occasion de la découvrir. Elle met en avant 21 BD de résistance. L’expo a déjà été présentée à Rumes lors du festival de la BD, elle a été à Chièvres. Elle voyagera dans les semaines qui viennent dans d’autres communes de Wallonie picarde.

Un film au Ramdam. Il y a trois jours nous avons été partenaire de la diffusion du film « He named me Malala », magnifique documentaire sur l’histoire de Malala Youzafzai, cette pakistanaise devenue la plus jeune prix Nobel de la Paix à l’âge de 17 ans pour son combat en faveur de l’accès des jeunes filles à l’éducation et sa résistance face aux talibans.

Une pièce de théâtre. Programmée le lundi 29 février en soirée « Kaiser » raconte le destin de deux frères allemands émigrés aux Etats-Unis à la fin du 19ème siècle. Ces frères créeront le premier abattoir industriel à Chicago. La pièce aborde les thèmes de l’immigration, de la systématisation du travail à la chaine et de la déshumanisation des travailleurs.

Enfin, nous projetons d’organiser dans quelques mois une rencontre entre les opérateurs culturels de l’Education Permanente actifs en Wallonie picarde et les responsables politiques communaux et régionaux.

En 2016, nous poursuivrons également notre campagne « Protection sociale pour tous » portée par le CIEP, par Solidarité Mondiale et par les Organisations constitutives du MOC Wallonie picarde : Vie féminine, les Equipes populaires, la CSC et la Mutualité chrétienne et ses services (Altéo, Enéo, JS)

Dans le cadre de cette campagne, nous réaliserons, des capsules vidéo de sensibilisation avec des témoignages de militants, de personnalités politiques et institutionnelles. Vous avez peut-être déjà été sollicités aujourd’hui pour y participer. Si pas, les animateurs du CIEP et de Solidarité Mondiale vous harcelleront dès la fin de mon discours pour vous demander de témoigner. Témoigner, je n’en doute pas, de votre souhait d’avoir une protection sociale forte partout dans le monde. Je n’en doute pas parce que je sais qu’il n’y a ici que des gens pour qui le mot solidarité a du sens…

Je vous propose de regarder ensemble le CLIP de mobilisation de cette campagne.

https://www.youtube.com/watch?v=_4R3sYC6OhY

A côté de ces deux campagnes, le MOC continuera à être actif sur différents plans :

• La qualité de l’accueil des étrangers et des réfugiés partout en Wallonie picarde restera une priorité. Nous proposerons dès le mois de février une nouvelle offre de formation en Français Langue étrangère à Mouscron.

• La politique communale. Les groupes de veille politique à Comines, à Mouscron et à Tournai poursuivront leur travail de suivi et d’analyse des politiques communales et d’interpellation.

• La revendication du droit à un logement décent pour tous sera toujours à l’ordre du jour par une présence active au sein des collectifs « logement » de Wallonie picarde, le DAL de Tournai, le DAL de Mouscron et le CLAC d’Ath.

• La lutte contre l’exclusion, la précarité et les inégalités sera bien évidemment encore une priorité. Nous accueillerons d’ailleurs le mardi 16 février à 19h00 dans nos locaux, Philippe Defeyt qui viendra nous parler des inégalités et du plan wallon de lutte contre la pauvreté. Nous ferons ce soir-là écho aussi des résultats de l’enquête menée sur le sujet par les Equipes populaires.

• Et enfin, pour terminer cette liste loin d’être exhaustive, nous poursuivrons inlassablement, avec détermination, nos actions de soutien au peuple palestinien

Pour l’AID l’Escale, notre Centre d’insertion socio-professionnelle, l’année 2016 sera importante à plus d’un titre.

L’AID l’Escale continuera à proposer des formations en orientation et remise à niveau, en horticulture, en peinture et en parachèvement du bâtiment. L’AID a accueilli en 2015 plus de 110 stagiaires et réalisé plus de 50.000 heures de formation.
L’année 2016 est une année de renouvellement d’agrément pour les centres d’insertion. Ce renouvellement sera l’occasion d’une évaluation approfondie de chacune des filières sur les plans pédagogiques et organisationnels.

Durant cette année, L’AID finalisera un projet européen Ecostart qui propose la découverte de différents métiers liés à l’écoconstruction.

L’AID mettra aussi sur pied une formation complémentaire dans le cadre des projets Forem qui vise l’acquisition par les stagiaires du VCA, c’est-à-dire la connaissance des normes et des règles de sécurité et de santé.

Enfin, l’AID poursuivra, en partenariat avec la Commune de Flobecq, son formidable projet de développement d’une Entreprise de Formation par le travail centrée sur la production de plantes médicinales au Sud-Kivu au Congo.

En matière de communication, après avoir subi 2 hacking sauvages, orchestrés par je ne sais quelles forces obscures…, non non n’exagérons rien, nous n’évoquerons pas quand même ici une certaine force bleue. Après deux cybers attaques dévastatrices, nous avons le plaisir de vous annoncer que le MOC Wallonie picarde a en ligne depuis ce matin un tout nouveau site internet.

Ce site est maintenant adapté à la lecture sur smartphone et tablette. L’adresse reste inchangée www.moc-ho.be.

Et donc les 10 premiers connectés recevront les derniers exemplaires de notre ouvrage « Les Wallons picards ont la patate ». Je dois vous dire qu’ils nous en restent quelques-uns après une réimpression. Et donc si vous en voulez un, demandez à Maxime. Il vous le donnera. Dans la limite du stock disponible.

Pour terminer, je dois dire merci. Merci aux très nombreux militants et bénévoles du MOC. Que cela soit dans le cadre de l’insertion socio-professionnelle, que cela soit dans les groupes de travail thématiques, que cela soit dans les groupes d’action locale ou que cela soit dans les formations en Français Langue Etrangère, votre engagement est formidable. Il est le signe qu’une société solidaire existe.

Merci aussi, je le redis chaque année avec beaucoup de sincérité, aux travailleurs de l’AID, de Solidarité Mondiale et du CIEP. Merci pour votre implication et pour la qualité de votre travail.

Chers amies, chers amis, Je vous souhaite mes meilleurs vœux 2016 :

Soyons fiers de rester attachés à nos valeurs de solidarité, de justice sociale et d’égalité.

Soyons fiers de continuer à nous opposer aux politiques néo-libérales qui fabriquent des exclus, qui entretiennent la compétition entre nos concitoyens.

Soyons fiers d’être des résistants !

Merci. Santé.

Jacky Quintart
Secrétaire fédéral MOC HO

Le 22 janvier 2016

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