Communiqué : Mondial, on ne va pas tout supporter !

ANTI-JEU DE NIKE ET ADIDAS SUR LE SALAIRE VITAL

Alors que des millions de supporters se préparent à encourager leurs équipes favorites pendant la Coupe du monde de football, le rapport « Anti-jeu 2018 », révèle que les dizaines de milliers de femmes qui fabriquent les maillots et chaussures de foot que Nike et Adidas vendent au prix fort, gagnent un salaire de misère.

Soutenues par achACT et ses organisations membres dont Solidarité Mondiale, la CSC, le CIEP de Liège et le réseau international de la Clean Clothes Campaign, ces travailleuses revendiquent le paiement d’un salaire vital. Un objectif à portée de main des grandes marques de sport, pour autant qu’elles en aient la volonté.

La course au sponsoring de Nike et adidas – qui équiperont 22 des 32 équipes engagées dans le prochain mondial de foot – n’a jamais été aussi vive, et atteint de nouveaux records. L’équipe d’Allemagne, championne du monde en titre, a multiplié son revenu de sponsoring par 3 en renégociant son contrat avec adidas en 2016 pour un montant total de €65 millions d’euros par an. L’équipe de France a, elle, négocié un contrat de sponsoring d’une valeur de €50,5 millions avec Nike.

Celles qui fabriquent les maillots Nike et adidas en Indonésie gagnent en un mois moins que le prix d’un seul maillot.
Les coûts liés à la main-d’œuvre ne suivent pas la même tendance à la hausse. Le rapport « Anti-jeu 2018 », publié ce lundi 11 juin par le Collectif français éthique sur l’étiquette, compare les coûts de production actuels des chaussures de sport Nike et adidas avec ceux d’il y a 25 ans. Le pourcentage consacré au salaire des travailleurs qui l’ont fabriqué a chuté de 30%. Le salaire des travailleuses qui ont fabriqué le maillot des Diables rouges vendu 90€ aux supporters représente à peine 1% du prix de vente du maillot.

Une partie importante des chaussures de sport est fabriquée en Indonésie. Dans ce pays d’Asie, 80% des travailleurs de la confection sont des femmes, qui gagnent entre €82 et €200 par mois. Un grand nombre ne gagne pas le salaire minimum légal pour une durée normale de temps de travail. Leurs salaires ne couvrent pas leurs besoins de base, et ne permet évidemment pas de leur assurer une vie décente, ainsi qu’à leur famille. Le revenu minimum vital en Indonésie est de €363 .

Raja, un syndicaliste indonésien, explique : « Nous réclamons un Protocole sur les salaires. Les marques doivent modifier leurs pratiques d’achat car celles-ci influencent fortement les conditions de travail. Vu que le coût salarial d’un T-shirt produit en Indonésie s’élève à peine à 1 % du prix total de production, il me semble plus que normal que le coût salarial puisse augmenter un petit peu, non ? Mais les marques de sport refusent pour l’instant de s’engager. »

Payer un salaire vital, un objectif atteignable en Indonésie

Aujourd’hui, les syndicats indonésiens, soutenus par le réseau international de la Clean Clothes Campaign, appellent adidas et Nike à assurer le paiement d’un salaire vital tout au long de leur filière d’approvisionnement. Impossible ? Si Nike et Adidas avaient maintenu en 2017 soit leurs dépenses de marketing soit leurs dividendes au même niveau qu’en 2012, la différence aurait permis de payer un salaire vital aux travailleuses de tous leurs fournisseurs en Chine, Vietnam, Indonésie et Cambodge.

Les deux marques ont la possibilité de mettre en œuvre ce droit à un salaire vital en Indonésie. Un accord sur la question des salaires avec les organisations syndicales y est à portée de main.

En 2011, après plusieurs années d’une campagne internationale, un accord historique y était signé sur l’exercice de la liberté d’association. Ce protocole indonésien permet de mettre en œuvre les droits syndicaux chez les fournisseurs indonésiens des six marques de sport signataires (adidas, Nike, Puma, New Balance, Asics et Pentland). Cosigné par 5 syndicats indonésiens et 69 fournisseurs, le protocole décrit pratiquement les lignes directrices à respecter au niveau des usines indonésiennes afin que les travailleurs.euses disposent de la liberté de s’organiser et de négocier collectivement leurs conditions de travail.

Les parties avaient convenu de démarrer la mise en œuvre de ce protocole sur l’exercice de la liberté d’association avant d’entamer les négociations sur deux autres enjeux fondamentaux pour les travailleurs.euses : les salaires et la sécurité d’emploi.

Les syndicats indonésiens appellent adidas et Nike à respecter leur promesse et à négocier un protocole qui garantit aux travailleurs indonésiens de leur filière d’approvisionnement le paiement d’un salaire vital. Cependant, dix ans plus tard, les marques de sport refusent toujours de poursuivre le processus entamé en 2008.

Plus d’infos sur : http://www.achact.be/Mondial2018.htm

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