Voeux du MOC Wapi 2023

En 2023, supprimons le statut de cohabitant !

Cet hiver, beaucoup de gens ont froid. Beaucoup de gens n’arrivent plus à payer leurs factures d’énergie. Tout cela serait-il arrivé, ou dans de telles proportions, si le secteur énergétique belge n’avait pas été privatisé et libéralisé dans les années 1990 et 2000 ? Poser la question, c’est déjà y répondre.

Si la collectivité avait encore la main sur la production et la fourniture d’énergie, nous pourrions encore choisir quelle énergie nous produisons, comment, dans quelle quantité et à quel tarif pour la population. Et nous n’en serions pas là. Nous pourrions garantir que chaque citoyenne et chaque citoyen puisse se chauffer et se fournir en électricité à un tarif abordable. Nous pourrions aussi garantir la sécurité d’approvisionnement en quantité comme en prix pour nos entreprises, les grandes comme les petites, sans risquer de mettre à mal une partie de celles-ci, sans risquer de détériorer le tissu économique.

Pour le MOC, il est urgent de réparer l’erreur du passé, et de ne plus la commettre à l’avenir. Il est urgent de renationaliser le secteur énergétique, et de ne pas oublier où la privatisation et la libéralisation nous ont menés.
Renationaliser l’énergie, c’est aussi le seul moyen de planifier, de piloter la nécessaire et urgente transition écologique.

Et ce qui est vrai pour l’énergie est vrai aussi pour d’autre secteurs socialement et économiquement stratégiques, comme par exemple l’eau ou les chemins de fer. Il faut le rappeler, pour garantir à la fois la qualité et l’accessibilité financière voire la gratuité pour toutes et tous, mais aussi l’efficacité, certaines activités n’ont pas pour vocation à être gérés par le privé et par le marché, mais par la collectivité, par l’État. C’est la position ferme du MOC. C’est le constat que posent également de nombreux économistes sérieux.

Cet hiver donc, beaucoup de gens ont froid, beaucoup de gens n’arrivent plus à payer leurs factures d’énergie. Si au moins les formes de vie en commun étaient encouragées, afin d’atténuer le choc, et de pouvoir supporter à plusieurs l’ardoise énergétique, de s’en partager le coût… Mais c’est tout le contraire qui se produit avec le fameux « statut de cohabitant », qui veut qu’une personne bénéficiant d’une allocation sociale et cohabitant avec une personne disposant déjà d’un revenu reçoive une allocation plus basse. Autrement dit, une personne bénéficiant d’une allocation de chômage, d’une indemnité d’invalidité ou du revenu d’intégration sociale aura le choix entre vivre seule et recevoir une allocation « normale », mais déjà largement insuffisante pour s’en sortir seule, qui plus est dans un contexte d’explosion des coûts de l’énergie. Ou vivre avec une personne disposant déjà d’un revenu, mais recevoir du coup une allocation rabotée et donc dépendre financièrement de la personne avec qui on vit. Le statut de cohabitant, c’est la peste ou le choléra. Tout cela au nom d’une conception familialiste archaïque, où on regarde seulement si chaque ménage, et non chaque personne, a assez d’argent pour s’en sortir. Cela va à l’encontre de l’émancipation et de l’autonomie de chaque personne.

En ce début d’année 2023, nous voulons bien entendu faire sauter les bouchons de champagne, de prosecco, de spumante, et autre crément d’Alsace. C’est d’ailleurs prévu tout à l’heure. Mais nous voulons aussi et surtout faire sauter une bonne fois pour toutes le statut de cohabitant en aide sociale et en sécurité sociale. Pour que chacune et chacun puisse bénéficier d’un revenu digne, en toute autonomie, quelle que soit la ou les personnes avec qui on vit. Il ne s’agirait en fait ni plus ni moins que de retourner à la situation d’avant 1981, avant que le statut de cohabitant ne soit introduit.

Vous l’aurez compris : la suppression du statut de cohabitant sera notre revendication et notre campagne-phare en 2023. Jacky Quintart, secrétaire fédéral, à qui je vais céder la parole, va vous en tracer les principaux contours. Il va également rappeler quelques actions menées par le MOC Wallonie picarde en 2022, et évoquer quelques actions que nous mènerons en 2023.

Mais avant de vous confier aux bons soins de Jacky, je m’en voudrais de ne pas vous souhaiter une belle et heureuse année 2023. Que cette année nouvelle nous mène vers un monde meilleur. Nous y croyons. Et ensemble, nous le construirons.

Benoît Brabant
Président du MOC-Wapi
Le 20 janvier 2023

Il me revient comme d’habitude lors de nos vœux, en tout cas hors période de confinement, de vous présenter quelques réalisations de l’année écoulée.

Ce n’est jamais évident de sélectionner et de mettre les projecteurs sur l’une et pas l’autre de nos actions. Le MOC en Wallonie picarde, c’est 3 services : le CIEP, l’AID L’Escale et We social Movements, WSM.

Le CIEP est une organisation reconnue d’éducation permanente. Le CIEP Wallonie picarde a réalisée en 2022, malgré un début d’année encore perturbé par le Covid, plus de 550 heures d’activités d’éducation permanente, c’est une belle moyenne de 11h00/semaine.

L’AID L’escale est notre centre d’insertion socio-professionnelle. Il propose des filières en Horticulture, parachèvement, peinture et orientation. L’AID L’Escale a accueilli près d’une centaine de stagiaires et a réalisé, là aussi malgré un début d’année impacté par la crise sanitaire, plus de 40.000 heures de formation en 2022.

We Social Movements, WSM, est notre ONG ; cette structure soutient l’action des mouvements sociaux dans le sud, propose des activités de sensibilisation aux relations internationales, à la protection sociale partout dans le monde et au travail décent. WSM participe aussi activement aux semaines de solidarité de la Ville de Tournai et à la récolte de fonds de l’opération 11.11.11 du CNCD.

Voilà en image en quelques flashes quelques-unes de nos actions 2022 :

Le montage est maison. Merci à No Télé qui a fourni une grande partie des images.
Lors de cette année 2023, nous nous engagerons dans une Campagne, avec le PAC, pour la suppression du statut de co-habitant.e.

Benoît vient d’évoquer la problématique. Une conférence débat est programmée le jeudi 30 mars sur le sujet avec différentes intervenantes du PAC et du MOC, Ariane en l’occurrence, notre présidente nationale mais aussi des intervenantes de la FGTB et de la CSC, de Soralia et de Vie féminine. Lors de cette soirée, nous présenterons et discuterons de nos arguments pour dire « stop » à ce sous-statut qui est le reflet une vision sociétale patriarcale dépassée.

Le CIEP Wallonie picarde a aussi fait le choix de prolonger en 2023 la campagne initiée en 2021/2022 qui visait la lutte contre le racisme structurel, les préjugés et les discriminations.

Au programme, nous aurons des balades dé coloniales à Mouscron mais aussi à Ath…et des formations spécifiques de déconstruction des mécanismes racistes pour les travailleurs des secteurs publics et associatifs de 1ère ligne. Si vous êtes d’ailleurs intéressés par ce type de formation, nous sommes à votre disposition.

Nous nous lancerons aussi dans un projet de jardin urbain interculturel. Notre terrain est situé à la rue du Crampon à Tournai. L’idée est de faire vivre un tier lieu multiculturel avec les habitants du quartier, les stagiaires en horticulture de l’AID et les stagiaires en Français langue étrangère où les savoirs et savoir-faire se croiseront, se confronteront et s’enrichiront.
La qualité de l’accueil des étrangers et étrangères, des réfugiés et des réfugiées, des migrants et migrantes et des transmigrants et transmigrantes partout en Wallonie picarde restera une de nos priorités.

Par notre engagement dans les collectifs Mouscron terre d’accueil et la Plateforme pour l’interculturalité de Tournai,

Par les formations nombreuses en Français Langue étrangère et nos formations à la citoyenneté que nous proposons à Mouscron, à Tournai et à Ath,

Notre objectif est simple nous voulons créer en Wallonie picarde – tenez-vous bien- le plus grand appel d’air jamais réalisé en Europe !

Notre ambition est énorme : nous voulons que l’on sache partout dans le monde et que l’on dise sur les marchés de Mogadiscio et d’Addis-Abeda, dans les plus profondes vallées du Pakistan, dans les villages montagneux reculés d’Afghanistan, sur les rives du Lac Kulul en Erythrée, lac pour votre bonne information, asséché depuis longtemps par le réchauffement climatique que nos pays occidentaux ont créé. Nous voulons que l’on sache partout dans le monde, disais-je, qu’il fait bon vivre en Wallonie picarde et qu’on y est toujours accueilli dignement. La Wallonie picarde et les 23 communes de Wallonie picarde doivent être un territoire où le bien être et le bien vivre ensemble prédominent pour toutes et tous. Et tant mieux si cela crée un appel d’air, nous en serons très fiers.

Le MOC réclame une société juste et égalitaire. Ne nous mentons pas : la société n’est pas juste. Oxfam vient encore de le souligner il y a quelques jours dans son rapport annuel : Les riches deviennent de plus en plus riches. Les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Et l’écart s’agrandit toujours de plus en plus rapidement. Les chiffres sont scandaleux. Nous sommes à la limite. Nous ne pouvons plus décemment faire société avec de tels écarts entre les plus riches et les plus pauvres.

Les crises économiques, sanitaires, énergétiques n’ont pas les mêmes conséquences pour tout le monde.

Pendant qu’une série de grosses entreprises et d’actionnaires font des profits juteux , comme le dit la CSC : « le mois est trop long pour les salaires des travailleurs et des travailleuse.s ! »
Dans un nombre de plus en plus important de familles, il faut se serrer la ceinture bien avant la fin du mois, voire faire le choix de se nourrir ou de se chauffer. Les coûts de l’alimentation et de l’énergie s’envolent tandis que les salaires restent cloués au sol.

La lutte contre l’exclusion et la précarité et la lutte contre les inégalités seront bien évidemment encore au cœur de nos projets. Parce que « Tant que les réponses ne suffiront pas, nous n’arrêterons pas ! ».

Nous poursuivrons donc notre implication dans le Collectif pauvreté de Tournai.

Nous continuerons inlassablement à soutenir une alphabétisation émancipatrice par notre engagement comme mouvement co-porteur de l’association Lire et Ecrire Wallonie picarde.
La revendication du droit à un logement décent pour tous sera toujours à l’ordre du jour par une présence active au sein des collectifs « logement » de Wallonie picarde, le DAL de Tournai et le DAL de Mouscron. Notre souhait est aussi de relancer l’action du Collectif Logement Ath Citoyen qui a ralenti ses activités avec la crise sanitaire.

A travers les activités de WSM, nous poursuivrons, avec détermination, nos actions de soutien aux mouvements sociaux du sud.
Nous continuerons à être actif dans la Campagne « Fabriquer avec respect » qui vise à imposer un devoir de vigilance à toutes les entreprises ici et là-bas. Ce devoir de vigilance consiste à ce que toutes les entreprises vérifient et s’assurent que tous les produits qu’elles utilisent, transforment, transportent et vendent ont été fabriqués dans le respect des droits humains, du travail et environnementaux.

Pour rappel, la loi belge sur le devoir de vigilance est toujours en standby.

Pour l’AID l’Escale, notre Centre d’insertion socio-professionnelle, l’année 2023 sera importante puisque le nouvel agrément qu’il vient de recevoir lui permettra sans doute et malgré un dé financement assez conséquent de la région Wallonne, de lancer une, voire deux nouvelles filières.

Une filière en « Ouvrier polyvalent d’espaces verts et des milieux naturels » en partenariat avec le parc naturel des plaines de l’Escaut.

Une seconde filière en « Aide menuisier valoriste bois » en partenariat avec l’Etape, maison d’accueil et plus particulièrement l’Etap’atelier.

Pour terminer, je dois dire merci. Merci aux très nombreux volontaires du MOC. Que cela soit dans le cadre de l’insertion socio-professionnelle, que cela soit dans les projets d’action locales, que cela soit dans les formations en Français Langue Etrangère et en citoyenneté, que cela soit dans le soutien au peuple palestinien ou dans d’autres projets encore, votre engagement est formidable.

Merci aussi, je le redis souvent à l’occasion de nos vœux, avec beaucoup de sincérité, aux travailleurs de l’AID, de WSM et du CIEP. Merci pour votre implication et pour la qualité de votre travail. Je suis heureux et fier de travailler avec vous.

Chères amies, chers amis, Chers partenaires, chers bénévoles, volontaires, militantes et militants, travailleuses et travailleurs de nos organisations constitutives – Equipes populaires, Mutualité Chrétienne, Jeunes Organisés et Combatifs, CSC et Vie féminine - , chers représentantes et représentants politiques, je vous souhaite mes meilleurs vœux 2023.

Je vous souhaite de savoir payer vos factures d’énergie.
Je vous souhaite d’être libre.
Libre de vos choix de vie. Libre de penser.
Libre d’être attaché à vos valeurs de justice sociale et d’égalité.
Libre de continuer à vous opposer aux politiques néo-libérales qui fabriquent des exclu.e.s et qui entretiennent assez bêtement la compétition plutôt que la solidarité et la cohésion.
Je vous souhaite d’être libre de manifester et de faire grève.
Je vous souhaite d’être libre, résistant et parfois même déviant.

Pour terminer, permettez-moi encore, d’avoir une pensée pour notre ami Jean-Jacques Hoquez. Il n’aurait raté nos vœux « pour rien au monde ». Sa convivialité, sa présence toujours soutenante, sa sympathique détermination nous manque.

Santé Jean-Jacques. Santé à toutes et tous.
Meilleurs vœux !

Jacky Quintart
Secrétaire fédéral MOC HO
Le 20 janvier 2023

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