Communiqué Mouscron Terre d’Accueil

Personne ne choisit d’être sans papier

Chaque année, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés appelle à commémorer le 20 juin "la force, le courage et la résilience de millions de réfugiés".

Le contexte international actuel, au niveau politique, économique, social et environnemental appelle à décloisonner les "catégories" - migrant, réfugié, sans-papiers…- par lesquelles on assigne dans des cases des personnes qui ont été poussées à l’exil par des manifestations différentes mais d’une même violence globale. C’est donc la force, le courage et la résilience de millions de personnes qui ont été contraintes de se déraciner, quelles qu’en soient les raisons, que cet événement veut saluer.

Ils/Elles s’appellent Mawda, Mounir, Jiyed, … Tant d’êtres humains victimes d’une politique de criminalisation conduisant à des excès intolérables : des visites domiciliaires jusqu’aux centres fermés pour familles et aux expulsions… Le gouvernement bafoue les droits fondamentaux de toutes les personnes en situation précaire. Il est temps de mettre fin à la traque des personnes exilées, quelle que soit la catégorie dans laquelle elles ont été rangées – migrant, réfugié, sans papiers.

Cette année, le Réseau Mouscron Terre d’Accueil a choisi de mettre en lumière ces personnes « invisibles » administrativement que sont les sans-papiers… car tout candidat réfugié peut basculer dans cette catégorie si sa demande d’asile n’est pas reconnue.

Personne ne choisit d’être sans papier.

« Invisibles » administrativement, les personnes sans papiers n’apparaissent pas ou peu dans les statistiques officielles. Pourtant, on estime entre 100.000 et 150.000 les personnes sans-papiers en Belgique, principalement à Bruxelles.
Ces personnes qui n’ont pas ou plus de titre de séjour en Belgique sont des femmes et des hommes, seuls ou en famille, d’âges et de nationalités variés. Les raisons qui ont poussé ces personnes à quitter leur pays, ou à ne pas souhaiter y retourner, diffèrent pour chacune d’entre elles. L’inégalité de l’accès aux droits fondamentaux et la violation de ceux-ci, le lien étroit entre la croissance revendiquée par les États occidentaux, le maintien dans la pauvreté des pays du Sud et les catastrophes climatiques et environnementales, les conflits armés - où interviennent aussi les États européens et occidentaux - des motivations personnelles (études, situation familiale difficile…) poussent chaque année des millions de personnes à se déraciner pour tenter d’améliorer leurs conditions de vie, ou pour la sauver… La plupart du temps, plusieurs de ces raisons sont entremêlées. Certaines sont arrivées en Belgique sans les documents ou autorisations nécessaires et, vu la difficulté des procédures administratives, ont « choisi » de ne pas se manifester auprès des autorités. D’autres ont disposé d’un titre de séjour, puis se le sont vu retirer.
Nous demandons à tous les élu.e.s actuels ou futurs (période électorale oblige) le respect des droits des personnes migrantes et sans-papiers afin qu’elles puissent reconquérir leur dignité après avoir tout perdu. Les partis politiques doivent s’engager fermement pour l’intégration des personnes migrantes et sans-papiers dans l’Etat de droit belge.
Cette intégration passe par :

1. la régularisation des sans- papiers
2. la fermeture des centres fermés
3. la liberté de circulation
4. l’arrêt des expulsions
5. l’arrêt de la criminalisation des sans-papiers
6. le respect des droits fondamentaux comme l’accès aux soins médicaux et à l’éducation
7. le respect et l’application des droits de l’enfant.

Mouscron : commune hospitalière ?

Symboliquement, le 26 février dernier, La Ville de Mouscron s’est opposé au projet de loi sur les visites domiciliaire en invitant le Parlement Fédéral à rejeter ce projet de loi et le Gouvernement Fédéral à reconsidérer sa position.
L’expulsion d’un de nos amis, arrêté à son domicile par la police locale de Mouscron début avril, a provoqué au sein de notre réseau tristesse et indignation.
Nous encourageons la Ville de Mouscron à traduire les valeurs de liberté, de résistance et de démocratie qu’elle défend, en une politique concrète d’accueil et d’intégration. C’est pourquoi, nous avons proposé au Conseil Communal de Mouscron d’adopter lors du Conseil Communal du 25 juin prochain la motion « Commune hospitalière ».
Une commune hospitalière est une commune qui, par le vote d’une motion, s’engage à améliorer l’information et l’accueil des personnes exilées, quel que soit leur statut. Elle facilite les démarches pour tous les exilés. Les demandeurs d’asile, donc, mais aussi les autres personnes en situation parfois plus précaire encore, comme les sans-papiers. Elle s’engage à minima à deux niveaux : sensibiliser sa population aux questions migratoires, et améliorer concrètement l’accueil des exilés dans le respect des droits. Elle s’engage, à son échelle, pour une politique migratoire basée sur l’hospitalité, le respect des droits humains et les valeurs de solidarité et la met en œuvre dans ses différents services.
Nous insistons tout particulièrement sur l’accès des sans-papiers à l’aide médicale urgente dans les CPAS. Bien souvent, l’on confond droit à l’aide médicale urgente avec urgence médicale alors que le caractère urgent doit s’apprécier quant à la précarité de la situation de sans-papiers. Il conviendrait de sensibiliser et d’informer le personnel du CPAS sur les contours exacts de ce droit. Il est nécessaire de faciliter l’accès à l’aide médicale urgente, ne serait-ce que d’un point de vue administratif, afin de garantir l’accès aux soins de santé des sans-papiers qui ne disposent, rappelons-le, d’aucun autre moyen légal de se faire soigner.

Le projet de Mouscron Terre d’Accueil

Nous devons continuer à nous opposer aux discours s’attachant systématiquement à présenter les migrations comme responsables de tous les maux de notre société.
La tâche n’est pas simple alors que les partis nationalistes et d’extrême droite progressent un peu partout en Europe : Lepen en France, Orban en Hongrie, Salvini en Italie, Francken en Belgique, … Comparable à se voisins européens sur le plan du niveau de vie, de la croissance économique et du nombre d’immigrés européens, l’Islande semble échapper à cette tendance. Malgré les conséquences de la crise économique de 2008 suivie d’une grave crise politique, les partis d’extrême droite n’y font pas recette : ils n’y ont récolté que 0,5 % des voix aux dernières élections locales. L’île compte 10% d’immigrés mais les islandais ne demandent pas de politiques migratoires plus strictes. Les débats publics portent sur l’environnement ou les questions sociales.

Ce serait donc ça la recette du vivre ensemble : une société juste, égalitaire et durable ?

Par le biais de rencontres interculturelles et d’activités d’intégration, le Réseau Mouscron Terre d’Accueil propose de participer, à sa manière à la construction de ce « vivre ensemble ».

Les associations et les citoyen.ne.s qui participent au réseau Mouscron Terre d’Accueil se mobilisent pour un accueil digne et chaleureux des personnes étrangères sur Mouscron, qu’ils et elles soient appelées migrantes, réfugié·e·s reconnu·e·s, demandeur·euse·s d’asile, ou sans papiers.

Concrètement, nos bénévoles accueillent et accompagnent toute personne étrangère quel que soit son statut, du lundi au mercredi dans les locaux que nous occupons au 112 rue de la station : accueil convivial, permanences et accompagnement administratif (déchiffrer des document officiels, des factures, accompagner les personnes à l’Hôtel de Ville, au CPAS, dans les agences immobilières, à la mutuelle, etc.), tables de conversation, soutien scolaire et animations pour enfants, …
Les associations membres du Réseau proposent des animations de sensibilisation et des rencontres interculturelles.

Nos actions dans le cadre de la Journée Mondiale des Réfugiés

Ensemble, nous avons répondu à l’appel du Haut Commissariat aux Réfugiés pour vous présenter des témoignages de force, de courage et de résilience de vies en transit.

Nous avons proposé à la rue du Beau-Chêne une lecture-spectacle « Je rêvais de manger des croissants chaque dimanche  » écrite et présentée par des membres de la Voix des Sans-Papiers de Liège et des lectrices publiques de PAC Liège.

Pendant quelques semaines, des Sans-Papiers de Liège et des citoyens belges ont déroulé ensemble le fil de leurs incertitudes, leurs questions indiscrètes, leurs rêves… De leurs regards croisés est née cette lecture-spectacle parfois drôle, parfois impertinente, émouvante, et souvent interpellante. Des témoignages pour expliquer, comprendre, rencontrer, continuer à vivre :
Pourquoi partir ? "Partir comme une condamnation. Partir pour retrouver l’espoir." Ils sont des dizaines de milliers à rêver d’une Europe où la vie serait plus douce. "Si j’étais né en Belgique, je serais un grand ingénieur, je peindrais ma maison en vert, je serais fan des Diables rouges…" Mais qu’ont-ils trouvé au bout du périple ? Beaucoup d’interrogations, et peu de réponses.

Du 20 au 30 juin, partez à la découverte du travail de Christian Fauconnier : à travers des portraits de personnes, mais aussi d’objets du quotidien et de lieux de vies, ses photographies laissent entrevoir les conditions d’existence dans les campements d’enfants, de familles, de femmes et d’hommes arrivés depuis l’autre côté de la méditerranée. Il nous montre comment dans ces lieux intermédiaires, ces « situations de frontières », chacun se débrouille dans l’attente d’une vie meilleure. Il nous montre l’importance de l’engagement citoyen et des actions de solidarités
menées par les bénévoles au parc Maximilien. Il souligne à travers des images de la « jungle » cet embryon de ville qui parle de la force des hommes à humaniser toute forme de lieux et en cela de leur capacité à normaliser la vie en transit dans les conditions « anormales » du campement.

L’expo « Vie en transit » réalisée par le PAC – Présence et Action Culturelle – sera visible ici dans le Hall du Staquet jusqu’au 30 juin inclus.

Des autoguides sous forme de livret présentant l’expo et les légendes des photos sont disponibles à l’accueil ou auprès de nos bénévoles lors des permanences (samedi 23 et dimanche 24 juin de 14h à 17h).

Il est possible d’acheter les œuvres en prenant contact directement avec le photographe, Christian Fauconnier.

Nous remercions le Centre Culturel de Mouscron d’accueillir cette exposition ainsi que notre partenaire Présence et Action Culturelle de nous avoir permis de proposer à Mouscron la lecture-spectacle et l’expo « Vie en transit ».

Nous remercions également toutes les personnes qui soutiennent les projets et activités du Réseau Mouscron Terre d’Accueil par leur engagement concret ou leurs marques de sympathies.

Reportage Notélé :
https://www.notele.be/list13-le-jt-a-la-carte-media58768-mouscron-terre-d-accueil-met-les-sans-papiers-en-lumiere.html
Courrier de l’Escaut :
https://www.lavenir.net/cnt/dmf20180619_01186109/journee-mondiale-des-refugies

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