Motion

Pour un accueil des migrant.e.s digne et solidaire en Belgique

A l’attention du Parlement Fédéral,
A l’attention des élu.e.s de Wallonie picarde,
Cher.e.s député.e.s,
Cher.e.s élu.e.s,

Il y a quelques semaines, nous avons été alertés sur la situation particulière des demandeurs d’asile palestiniens de Gaza. Ils sont plusieurs centaines dans les centres d’accueil de Tournai et de Mouscron et souhaitaient entamer une grève de la faim. En effet, certains attendent depuis plus d’1 ½ an, voire plus, que l’on examine leur dossier, et risquent d’être refoulés dans l’enclave palestinienne qui fait face à une crise humanitaire majeure en raison du blocus imposé par Israël depuis 12 ans.

Nous nous inquiétons de la position de la Ministre Maggie De Block qui semblerait vouloir leur retirer leur qualité de réfugiés alors que plusieurs rapports de l’ONU prédisent que Gaza serait inhabitable en 2020 si la situation actuelle perdurait. La bande de Gaza, la région la plus densément peuplée au monde, a été à nouveau bombardée par Israël durant plusieurs jours début novembre, faisant une trentaine de victimes dont des enfants et plus d’une centaine de blessés. Depuis 2007, les 2 millions de Palestiniens qui y vivent subissent déjà une punition collective en raison d’un blocus total. Quotidiennement, les habitants sont aux prises avec des pannes de courant, une pénurie d’eau potable et d’énormes difficultés d’accès aux soins de santé. Les libertés et droits fondamentaux sont également bafoués par la pratique autoritaire du pouvoir gazaoui et des factions palestiniennes les plus extrémistes.

Cela dit, la situation des autres demandeurs d’asile en Belgique n’est pas plus enviable. Même si Maggie De Block a annoncé qu’elle allait libérer des moyens pour engager au CGRA et permettre d’accélérer les procédures d’asile, le désarroi et l’angoisse des demandeurs d’asile restent total. Actuellement, la durée de la procédure d’asile est de 15 mois en moyenne. A cela, s’ajoute la crainte des renvois Dublin, de l’enfermement et du rapatriement forcé vers des dictatures ou encore la peur de la perte du statut de réfugié et la contrainte de quitter le pays. De plus, la saturation des centres d’accueil en raison d’une hausse des demandes mi-2018 - alors que T. Francken avait décidé de supprimer des milliers de places depuis 2016 - alimente encore davantage les tensions à l’intérieur comme à l’extérieur des centres. En attendant la création nécessaire de centaines de places… ce qui prend du temps ; Fedasil pousse les murs des centres existants, rendant les conditions de vie dans les centres épouvantables.

L’obsession anti-migrant du gouvernement a trouvé écho dans la population, passant de la libération de la parole jusqu’aux actes avec l’incendie du futur centre d’accueil de Bilzen. Le climat de racisme ambiant, conséquence de certains discours politiques et médiatiques, est tout à fait effrayant. Une étude consacrée à la perception des réfugiés en Belgique publiée par Le Soir en mai dernier révèle qu’un Belge sur deux se dit prêt à renvoyer les réfugiés dans une dictature. Notre combat doit être tout à la fois politique et culturel.

Nous exigeons que l’Etat belge :

  • Respecte ses engagements européens et internationaux pour le respect des droits fondamentaux des personnes et en particulier des plus vulnérables (Déclaration universelle des droits de l’homme, Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, Convention de Genève de 1951 relative à la protection des réfugiés ...) ;
  • Respecte ses engagements pris en matière de protection des réfugiés dans le cadre de la Convention de Genève de 1951 ;
  • Respecte l’article 23 de la Constitution belge garantissant à chacun le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine et de jouir de droits économiques, sociaux et culturels ;
  • Garantisse un accueil digne des demandeurs d’asile
     par le maintien et la création d’un nombre de places d’accueil suffisant, y compris des places tampons en cas d’afflux pour éviter la surpopulation dans les centres
     S’engage à examiner les demandes d’asile dans un délai raisonnable
  • Plaide pour la fin du règlement Dublin auprès de l’Union Européenne qui renvoie les migrants dans des pays où le système d’accueil est indigne après une période d’enfermement en Belgique ;
  • Mette fin à l’enfermement des migrants étant donné que migrer n’est pas un crime et que la politique d’enfermement et de rapatriement est plus coûteuse pour la collectivité que l’accueil ;
  • Lutte activement contre le racisme et les discriminations ;
  • Refuse toute criminalisation de la solidarité citoyenne avec les migrants.

Nous comptons sur vous pour relayer cette motion issue du terrain associatif et de la mobilisation citoyenne de notre région auprès du Parlement Fédéral.

CIEP-MOC Wallonie picarde
Association Belgo-Palestinienne de Wallonie picarde
Réseau Mouscron Terre d’Accueil
Plateforme pour l’Interculturalité à Tournai
Maison Internationale de Tournai
Tournai Refuge ASBL
Plateforme citoyenne d’hébergement Wapi/Tournaisis
Province du Hainaut
PAC Wapi

Partager sur facebook Partager sur Twitter Google +

Les services du MOC

CIEP Wallonie Picarde
AID l'Escale
We Social Movements